dimanche 10 février 2013



La fille de nulle part de Jean Claude Brisseau (2013)

Note : 4/5

Critique :

Suite à une agression, Dora (Virginie Legaey), mystérieuse et provocatrice jeune fille vient bouleverser la vie de Michel (Jean Claude Brisseau), grand homme solitaire, généreux et plein de sagesse. Michel n'a qu'un seul ami, « le toubib », celui ci ne fera que le mettre en garde sur cette nouvelle rencontre. Mais pour cet ancien professeur de mathématiques, c'est une histoire bien trop envoutante qui démarre. Deux personnages, qui au départ tout opposent vont se révéler irrésistiblement attirés l'un vers l'autre.
Les événements vont rapidement revêtir une étrangeté particulière et nos deux protagonistes vont se retrouver entrainés dans une ronde mystique. Des phénomènes étranges s'invitent dans l'appartement parisien du professeur.
Le jeu d'acteur n'est pas fantastique, la technique limitée mais la mise en scène et les dialogues viennent nous faire oublier ces handicaps. Un retour au source du cinéma français avec des moyens techniques modeste mais qui vous prennent par surprise. Une simplicité qui relèvera ici du génie, tant par la prestance des personnages que par le lieu qu'ils occupent, un appartement parisien (en réalité l'appartement de Jean Claude Brisseau!), dans lequel s'invitent les entités .
Une relation père/fille, professeur/élève, amant/maitresse! L'aspect fantastique s'intègre comme par « magie » au déroulement du film.
Rigolade avec l'au delà, naïveté de Michel parlant à ces esprits comme il parlerait à ses élèves...
Si Brisseau part de rien l'émotion est au rendez-vous. Un film qui assume pleinement son identité. Rappelons qu'il a remporté Le prix avec le léopard d'or au festival de Locarno en Août 2012.


L'entretien avec Jean Claude Brisseau au Cameo St Sébastien (Nancy) :

Ce n'est pas la première fois que le mysticisme est présent chez Brisseau. Il y a toujours une allusion au surnaturel dans ses films( Noce blanche, L'ange noir,Les anges exterminateurs) .Ces phénomènes paranormaux font partis de son vécu.
Ce film est atypique, mêlant fantastique et réflexion humaniste.
On le sens, Brisseau reste nostalgique des films de la nouvelle vague, films qui par leur modestie ont crées un mythe.
Faire de belles choses avec peu de moyens, pari tenu pour cet ancien professeur de français. La minutie et le soin apporté au travail de réalisation et de mise en scène lui permette de s'inscrire dans la continuité de la vague.
Il reste néanmoins dubitatif pour l'avenir du cinéma et s'interroge à propos de l'influence de la modernité sur le 7ème art. Matérialisme, individualisme, technologie...Il reste surpris du succès de son film.

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